Bon et bien voici plus tôt que prévu un petit RP à votre attention, à déguster sans modération pour se réjouir l'esprit
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La fumée âcre lui brûlait la gorge et il avait de la peine à respirer, de son unique œil encore valide il distinguait avec difficulté, tant le sang coulait de cette longue estafilade qu'il avait reçue au front, les restes calcinés d'un vaisseau de bataille ennemi touché de plein fouet par une boule de plasma incandescente et qui illuminait le ciel de milles feux en se désagrégeant dans l'atmosphère.
Dans un effort surhumain, il parvint à surmonter la douleur qui le tenaillait et se releva enfin. Il n'aurait pu dire depuis combien d'heures il gisait là, prostré et hagard, le regard vide et une marque sombre encrée dans les yeux tel un revenant qui ne réalise pas vraiment qu'il vit encore tant le fil de sa vie est passé près de la grande lame de la faux, dévoreuse d'âmes depuis des temps immémoriaux et pour l'éternité à venir, elle que l'on nomme communément la Mort.
Il fit quelques pas dans les décombres fumants et se rendit vite compte qu'il n'y avait pas beaucoup de survivants, ces derniers étant d'ailleurs pour la majorité à l'article de la mort. Il faut dire que le choc avait été terrible, c'est le vaisseau amiral de la flotte ennemie qui s'était lui-même chargé de prendre sous son feu ce qui était, quelques temps auparavant encore, un splendide bunker de commandement pour la défense au sol. Rien ne subsistait à présent à l'exception d'une montagne de gravas carbonisés et les cadavres déchiquetés des courageux combattants qui avaient trouvé là une mort affreuse mais décisive dans le déroulement de la bataille.
Bien que très affaiblit, son instinct de survie lié à ses capacités physiques et mentales surdéveloppées, acquises au cours de la dure formation qui avait fait de lui un guerrier d'élite, lui permirent rapidement de reprendre le dessus et il se dirigea automatiquement vers la crête de la colline d'où il percevait une grande clameur se propageant de plus en plus fort dans l'air chaud et sec qui lui fouettait à présent le visage.
A cet endroit précis s'élevait une extension de la station radar toute proche et qui faisait office de conduite de tir pour les imposants canons de Gauss dont il apercevais encore les silhouettes massives sur les contreforts du versant opposé. Nul n'aurait pu en attester à ce moment et encore moins les nombreux hommes qui l'avaient fait fonctionner, probablement tous enterrés vivants ou dispersés aux quatre vents par la violence des explosions, tant les dégâts étaient importants.
Contournant les restes de l'édifice, il arriva au sommet et s'arrêta net dans son élan...il fit encore quelques pas avant de s'immobiliser et tomba à genoux dans les cendres et la poussière. Sa vue se brouilla, tout disparu dans un grand tourbillon et seul un point sombre dans le ciel subsista à ses yeux...
Il était enfin arrivé, alors qu'il ne l'attendait plus depuis longtemps, ce moment inquiétant, d'un soudain sentiment d'inutilité profond mêlé d'incompréhension, mais grisant, d'une victoire que l'on croyait impossible et qui se déroule devant vous. Oui, la voilà la pensée qu'il ne pouvait dissocier de ce point qu'il continuait à fixer stérilement et qui s'éloignait doucement dans la voûte céleste.
Après deux semaines, quatre jours et sept heures ILS avaient finalement abandonné et s'en retournaient maintenant vers leur ténébreux monde natal réacteurs poussés à bloc pour que leur fuite, humiliante mais nécessaire sous peine de destruction totale, sois rapide et que l'ombre de leurs puissants vaisseaux ne réjouisse pas trop longtemps des défenseurs décimés mais victorieux.
Il reprit en cœur un chant funèbre entonné à présent par une multitude et qui se répercutait dans les vallées avoisinantes en prenant de l'ampleur.
La guerre se finirait probablement sur cette dernière bataille digne des Titans mais qui n'avait pas réellement vu s'affirmer de vainqueur tant les pertes étaient lourdes dans chaque camps. Il faudrait des décennies pour reconstruire et colmater les brèches qui resteraient à jamais gravées dans l'Histoire...
Grimaldus.
nb: l'absence de dialogue n'est pas un hasard et explique la simplicité de la présentation.